Tout a commencé l'été de 2013, quand je lisais le livre Portbou, segle XIX. Inicis i engrandiment d'un poble de Joan Gubert i Macias. Maig 1990. PG Boniquet, S.A.
Un paragraphe qui parlait de la frontière franco-espagnole était illustré par la photographie d'un nombre énigmatique placé sous une croix, gravés sur un rocher situé sur la crête du Puig de Cervera ou Puig de les Freses. Autant la croix mystérieuse que le nombre se distinguaient en couleur noire sur un rectangle blanc.
Comme j'avais déjà franchi la frontière plusieurs fois par ce lieu je me souvenais de photographies que j'avais prises moi-même il y a quelques années, où il apparaissait ce type de nombres, à savoir 601 et 600. À cette époque je ne connaissais pas la signification de ces symboles ciselés dans la roche, mais je pris des clichés car leurs dimensions étaient importantes et je pensai que plus tard je trouverais la solution à cette énigme.
Selon ce livre ces marques font partie des 602 bornes frontalières des Pyrénées réparties entre la mer Méditerranée et le Golfe de Gascogne, et délimitent la frontière franco-espagnole selon les Traités des Pyrénées (1659-1868).
Comme pendant la période où je lisais ce livre je préparais plusieurs excursions sur le Paratge Natural d'Interès Nacional de l'Albera, je décidai de profiter l'occasion pour localiser et photographier toutes les bornes et croix frontalières correspondantes à la commune de Portbou, de laquelle je connaissais déjà ses plages, des criques et d'autres endroits près de la mer, mais rien encore de sa montagne.
Et ce fut ainsi que j'ai trouvé, près du sentier qui mène au Castell de Querroig, les bornes et les croix frontalières correspondantes aux nombres 599 et 598, et je pus les ajouter à ma collection récemment inaugurée de photographies des signaux frontaliers des Pyrénées.
Et ainsi comme le fait de déguster une bière moussante et rafraîchissante entre amis amène à prendre irrémédiablement la suivante, avec les bornes ce ne fut pas différent. La 598 me conduisit à la 597, celle-ci à la 596 et quand j'eus collecté la totalité des bornes situées sur la commune de Portbou je poursuivis vers Colera, puis vers Rabós, en projetant de compléter toute la région de l'Alt Empordà, et de poursuivre ensuite vers la Garrotxa, le Ripollès et la Cerdanya.
Mais en même temps je découvris que la tâche récemment initiée n'allait pas être si agréable comme je l'imaginais, puisque la Frontière désirait de temps en temps d'abandonner le sentier marqué par l'homme, pour suivre ses propres routes. Pour trouver toutes les bornes frontalières qui me manquaient il ne suffirait pas d'avancer en suivant les indications des sentiers locaux; il faudrait examiner en détail la cartographie, faire des recherches dans le réseau des réseaux, explorer des sentiers in situ et surtout marcher pendant des journées entières, en suant à grosses gouttes pendant l'été, en souffrant du froid dur des Pyrénées pendant l'hiver, ou étant frappé par la tramontane, dont les rafales de ce vent impétueux ne connaissent pas les saisons et les frontières.
Pour cette tâche je m'imposai une seule condition, je connaissais d'avance les coordonnées géographiques de tous les points de repère de la frontière mais je n'emmènerais pas avec moi aucun système d'aide du type GPS pour les localiser. Je confesse que j'ai trouvé certains d'entre eux d'une forme adventive, cependant et dans ma défense, comme circonstance atténuante à ma faveur, je dois exprimer que si je les ai trouvés il était parce que je recherchais là-bas.
Ceci a été possible jusqu'à la croix frontalière nombre 508 et il a son explication: chaque sortie que je réalisais m'éloignait plus de mon lieu de résidence, avec les frais conséquents d'essence et du temps. Même si jusqu'à ce moment j'avais pu débourser sans aucun problème les frais de déplacement de 2 et jusqu'à 3 fois pour trouver finalement quelque borne frontalière que ne se laissait pas voir à une simple vue, maintenant c'était un gaspillage inutile que ce grand marcheur tenace et intrépide ne désirait pas assumer.
Et encore j'ai eu à répéter quelque excursion puisque le GPS ne fait pas partie d'une science exacte (soit par la précision inexacte du propre système -au moins dans sa version civile- soit par avoir introduit des données incorrectes dans le récepteur), et quelques bornes frontalières se sont montrées timides devant les regards forains, occultes derrière une cape épaisse de ronces et d'orties, ou enterrées sous une couverture de feuilles mortes, déjà bien entré l'automne.
Quoi qu'il en soit, j'ai fini par trouver toutes les bornes et les croix des Pyrénées situées dans la province de Girona!
Cayetano.
(Merci Josette et Charles pour m'aider avec la langue de Molière.)
“Délaisse les grandes routes, prends les sentiers ”
Πυθαγόρας